par Enzo LeGrand

Alors que Donald Trump évoque de plus en plus ouvertement l’idée de prolonger son pouvoir au-delà des deux mandats légaux, Steve Bannon, son ancien stratège à la Maison-Blanche, affirme qu’un plan concret serait en préparation pour rendre cela possible.
Une idée contraire au 22ᵉ amendement de la Constitution américaine, qui interdit formellement plus de deux mandats présidentiels.


Un défi direct aux fondements constitutionnels

Bannon, figure clé du trumpisme et ex-conseiller à la Maison-Blanche, a déclaré au magazine The Economist qu’un « plan réel » pour dépasser la limite constitutionnelle est actuellement à l’étude.
Le texte de l’amendement est pourtant sans ambiguïté :

« Nul ne pourra être élu plus de deux fois à la présidence des États-Unis. »

Sans donner de détails, Bannon a ajouté :

« Trump sera président en 2028. Les gens doivent s’y habituer. Le moment venu, nous expliquerons comment. Mais oui, il y a un plan. »

Il a aussi présenté Trump comme « un instrument de la volonté divine », un discours qui rappelle la théorie du droit divin des rois, et qui suscite des inquiétudes sur la dérive autoritaire du mouvement.


Trump et le jeu répété avec la Constitution

L’ancien président a souvent plaisanté sur l’idée d’un mandat à vie.
Dès 2019, il avait publié une vidéo montrant de fausses couvertures du Time Magazine annonçant ses réélections fictives jusqu’en 2084.

Ces derniers jours, Trump a rediffusé cette vidéo, accompagnée de montages le représentant en roi, lançant un liquide sur des manifestants criant « No Kings ».

Pourtant, il a parfois tenu des propos plus modérés : lors de la campagne 2024, il avait déclaré au New York Times que ce serait probablement sa dernière élection.
Les analystes estiment que ces contradictions visent à éviter qu’il apparaisse comme un président en fin de parcours, afin de maintenir son influence politique.


Vives réactions à Washington

Les déclarations de Bannon ont relancé les interrogations sur ses liens avec le cercle présidentiel.
La Maison-Blanche a refusé tout commentaire, et des sources proches du camp Trump rappellent que Bannon n’occupe aucun poste officiel depuis 2017.

Condamné pour fraude en février dernier, il reste un acteur influent de la droite radicale américaine, et un fervent défenseur de la thèse du « vol de l’élection de 2020 », à l’origine de l’attaque du Capitole le 6 janvier 2021.


Trump et les projets ultraconservateurs

Même lorsqu’il prend publiquement ses distances avec certains plans radicaux, Trump en applique souvent les principes.
Avant 2024, il niait tout lien avec le Project 2025, plan rédigé par des groupes d’extrême droite pour refondre l’État fédéral.

Après son retour à la Maison-Blanche, il a pourtant repris plusieurs de ses propositions et nommé Russell Vought, l’un de ses architectes, à la tête du Bureau du budget.
Trump a depuis salué cette nomination comme « un honneur », qualifiant Vought de « figure emblématique du Project 2025 ».


Les experts alertent sur la dérive autoritaire

Pour de nombreux juristes, le danger n’est pas seulement dans l’application, mais dans la banalisation du discours anti-constitutionnel.

Un professeur de droit à Yale résume :

« Le simple fait d’évoquer l’idée d’ignorer la Constitution normalise la transgression du droit — un processus observé dans de nombreuses démocraties avant leur basculement autoritaire. »

Les républicains modérés qualifient l’idée de « fantaisiste », tandis que les partisans trumpistes applaudissent sur les réseaux sociaux, surnommant Bannon « l’architecte du troisième âge Trump ».
L’un d’eux écrit sur Truth Social :

« Si Trump est l’instrument de Dieu, aucun amendement ne peut l’arrêter. »


Silence officiel et avenir incertain

Aucune réponse officielle n’a été donnée par la Maison-Blanche.
Certains analystes estiment que ces propos servent une stratégie de diversion, destinée à détourner l’attention des difficultés économiques et diplomatiques.

Mais pour un observateur de NBC,

« Ce genre de discours brouille dangereusement la frontière entre la plaisanterie et la menace réelle contre l’ordre constitutionnel. »

Alors que la prochaine élection n’aura lieu que dans quelques années, une question plane sur la démocratie américaine :

Les institutions des États-Unis résisteront-elles aux ambitions inédites de Donald Trump et de son entourage ?

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